Newsletter de Seitaro Yamazaki – 17 juillet 2025

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Newsletter de Seitaro Yamazaki – 17 juillet 2025

Bonjour à toutes et à tous,

Ici Seitaro Yamazaki.

Dites-moi, est-ce que vous faisiez partie de ceux qui terminaient leurs devoirs d’été dès le début des vacances… ou de ceux qui attendaient le tout dernier moment ? J’avoue un peu honteusement avoir toujours fait partie de la deuxième catégorie. Et aujourd’hui encore, à l’approche de mon exposition personnelle à Shanghai, c’est un vrai chaos dans l’atelier.

Je me promets toujours de commencer plus tôt, mais ça n’arrive jamais. Cette fois, nous avons relevé un défi particulièrement ambitieux : présenter principalement des œuvres inédites dans un espace d’un peu moins de 150 m².

 


 

Une œuvre in situ faite de parapluies cassés

À l’entrée du lieu, nous installons une grande œuvre in situ – 6,5 mètres de large sur 8,55 mètres de profondeur. Elle rassemble 20 parapluies en plastique brisés, du papier washi japonais, de la ficelle noire et des sculptures dorées issues de ma série 8 million traces.

Il est sans doute difficile d’imaginer comment tout cela s’articulera, alors j’ai inclus quelques images en cours de réalisation pour vous donner une idée.

 

Les parapluies transparents en plastique sont souvent décrits comme un objet culturel typiquement asiatique. Au Japon, on en voit partout, mais j’ai toujours été mal à l’aise avec leur usage. Depuis longtemps, je voulais en faire une œuvre.

Pour ceux qui me lisent de l’étranger (et vous êtes plus de la moitié), un peu de contexte : le Japon est un pays très pluvieux, donc les parapluies font partie du quotidien. On trouve partout des modèles bon marché faits en PVC, POE ou EVA – ce sont ceux qu’on appelle parapluies vinyle. Les versions un peu plus chères sont en polyester, et les haut de gamme en nylon. Mais les parapluies vinyle sont fragiles. Pendant la saison des typhons, ils se brisent immédiatement sous le vent et la pluie.

C’est cela qui me gêne le plus. Parce qu’ils coûtent si peu cher, les gens les jettent dès qu’ils se cassent – souvent directement dans la rue. Comme ils sont composés à la fois de métal et de plastique, leur recyclage est compliqué. Chaque année au Japon, 65 millions de ces parapluies finissent ainsi à la poubelle.

Le lendemain d’un typhon, la ville est jonchée de parapluies brisés, comme des corps abandonnés. Cela me rappelle des silhouettes condamnées à se vendre pour une somme dérisoire – utilisées pour un désir passager, puis oubliées. Et au-dessus d’elles, le ciel se dégage, d’un bleu éclatant presque moqueur.

Cette image me laisse toujours une grande tristesse. Les parapluies eux-mêmes n’y sont pour rien. Le problème vient de nos systèmes de production, de distribution, de consommation et de rejet. J’aimerais que nous puissions construire des modèles plus durables.

Dans cette œuvre, je dispose les 20 parapluies cassés mêlés de washi noir et de ficelle. Au-dessus de chacun, pend une sculpture dorée représentant un sonogramme – la forme visuelle du son produit quand les gouttes de pluie frappent un parapluie brisé. Le washi noir symbolise le cœur intérieur de chaque parapluie, comme personnifié ; la ficelle noire évoque la pluie qu’on retrouve dans les estampes d’Hiroshige.

Comme mon atelier est trop petit pour tout installer à l’avance, je ne verrai le résultat final qu’une fois sur place. Mais parmi toutes mes œuvres in situ, celle-ci sera l’une des plus vastes – et j’ai hâte de découvrir comment elle prendra forme.

 


 

Série Still Voice

Je prépare aussi une toute nouvelle série en techniques mixtes, qui donne son titre à l’exposition : Still Voice.

Certains d’entre vous penseront peut-être à la peinture de nature morte, en particulier le bodegón de la tradition baroque espagnole. Aux XVIe–XVIIe siècles, les Flandres (actuels Pays-Bas et Belgique) raffolaient des vanités – des natures mortes remplies de symboles rappelant la mortalité. L’Espagne, étroitement liée aux Flandres, développa son propre style, le bodegón, représentant de manière réaliste fruits, ustensiles et objets du quotidien. Contrairement aux vanités, le bodegón n’avait presque pas de signification religieuse : il se concentrait sur la fidélité réaliste de la représentation.

Ma série Still Voice n’a pas de connotation religieuse non plus. Je m’intéresse plutôt au moment où le sens d’un objet se transforme – quand il cesse d’être une simple “chose” pour devenir “nourriture”.

Cela peut paraître abstrait, mais l’idée est que lorsqu’une personne choisit de manger quelque chose et passe à l’acte, l’objet acquiert une signification relationnelle. Cela touche à la notion de “prêt-à-l’emploi” chez Heidegger.

Dans la série, chaque fruit est associé à un sonogramme visuel représentant le son produit lorsqu’on le coupe ou l’épluche. Ces images ne sont pas simplement imprimées : elles sont réalisées grâce à une technique que j’ai développée avec Taiyo Printing, avec qui je collabore depuis plus de 20 ans. Au lieu de laisser l’encre UV se fixer sur la surface comme d’ordinaire, cette méthode – que nous appelons Dripped Print (DP) – empêche l’encre de se figer, la laissant couler naturellement sous son propre poids. Cela rappelle la technique du dripping en peinture.

Les natures mortes montrent des objets immobiles. Mais dans Still Voice, le mouvement se superpose à l’immobilité – par le son, et par les pigments entraînés vers le bas par la gravité. Cela crée une expérience visuelle stratifiée où aucune couche ne domine ni ne peut être totalement saisie.

Au final, c’est une invitation non seulement à contempler le calme des objets, mais aussi à percevoir le passage du temps qui les entoure.

 


 

Le retour du MARGINAL ART FAIR Fukushima Hirono – 6 & 7 décembre 2025

Enfin, je suis heureux d’annoncer que la deuxième édition du MARGINAL ART FAIR Fukushima Hirono aura lieu les 6 et 7 décembre 2025. Cette fois, le lieu principal sera le gymnase central de la ville de Hirono – un vaste espace de 1 550 m², situé à seulement dix minutes à pied de la gare de Hirono.

En raison des travaux de rénovation prévus cet automne sur notre ancien site, la maison d’hôtes du parc Futatsunuma, nous avons déplacé le lieu principal pour cette édition.

Nous recevons déjà de chaleureux messages de soutien de la part des partenaires locaux à Hirono et des artistes qui avaient participé la première fois. Cela confirme combien les liens humains sont précieux.

Bien sûr, un appel à candidatures international sera de nouveau lancé, et plusieurs autres projets liés sont également en préparation. J’ai hâte de vous en dire plus très bientôt.

À tous les artistes : j’espère vous retrouver à Hirono.

Avec toute mon amitié,

Seitaro Yamazaki

 

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