Seitaro Yamazaki (Tokyo) est un artiste et designer contemporain dont la pratique explore la beauté fragile de ce qui a été négligé, oublié ou effacé. Fort d’une formation en sociologie, en architecture et en design, il travaille à travers l’installation, la sculpture, la peinture et l’art médiatique, interrogeant les limites de la représentation et de la perception.
Au cœur de sa pratique se trouve la conviction que la beauté ne réside pas dans la clarté ou l’achèvement, mais dans l’inachèvement, l’ambiguïté et l’oubli. Sa série Still Voice réinterprète la tradition occidentale de la nature morte—en particulier le bodegón espagnol—au moyen d’images floues imprimées en UV, de sonogrammes et de compositions photographiques qui résistent à toute stabilité. What was Almost There ravive des images et souvenirs en voie de disparition sous forme de fragments coexistants avec l’effacement. The Grammar of Silence cherche à articuler le silence lui-même, tandis que The Hesitation of the Image capture l’hésitation suspendue qui précède l’émergence complète d’une image.
Puisant dans l’esthétique japonaise—ma (intervalle/vide), mu (néant) et impermanence—tout en résonnant avec des lignées occidentales telles que le bodegón et l’espace négatif, Yamazaki refuse la clôture imposée par l’un ou l’autre cadre. Ses œuvres dissolvent les frontières entre clarté et obscurité, persistance et érosion, proposant une philosophie visuelle contemporaine attentive au silence, au résidu et à l’invisible.
En fusionnant image, son et instabilité matérielle, la pratique de Yamazaki invite le spectateur à questionner ce qui échappe à la représentation. Ses œuvres ne visent pas tant à fixer des images qu’à révéler des traces fragiles—gestes incitant à réfléchir au temps, à la mémoire et à des systèmes de valeurs alternatifs.
Par ce jeu entre dissolution et persistance, Yamazaki situe l’art non pas comme une simple représentation des choses, mais comme une attention portée à ce qui se dérobe. Ce faisant, il ouvre un espace où le silence prend la parole, et où l’oublié et le négligé retrouvent une présence dans l’imaginaire contemporain.
